Ça y est, c’est fini… Avant de tenter de faire un bilan (ce qui me prendra sûrement autant de temps que le voyage) et de me réhabituer à la vie sédentaire, petit (mais néanmoins long) récapitulatif du dernier mois de retour au bercail et à une merveilleuse destination de cyclotourisme : la France.


Rejoints par Eelke à Bilbao, on visite en profitant d’un festival d’arts de rue et des animations du tour de France qui y démarre dans quelques jours. Eelke profite de ses quelques jours en Espagne avec pintxos et cañas, et on se lance dans les pentes pas commodes du pays basque. Quelques pluies, quelques crevaisons et des bonnes suées dans ces montagnes vertes et escarpées. Et d’un coup… notre trio passe la frontière française au col d’Ibardin ! On redescend vite à la mer sur Biarritz, pour le dernier camping avec Coline. On l’accompagne à son train à Bayonne le lendemain : elle va continuer son périple entre Montpellier et la Terrasse alors qu’avec Eelke on continue vers le nord pour entamer la traversée des Landes.


Grâce à la véloroute européenne bien aménagée et indiquée (eurovélo 1), plus de question à se poser ni de dénivelé : on dévore les kilomètres de pinède, avec quelques pauses baignades à l’océan et ses dunes, et au lac de Biscarosse. A Arcachon, on fait la connaissance d’une troupe de 4 jeunes médecins allemands très sympas. Après avoir pris le tout petit ferry ensemble jusqu’au Cap Ferret, on a la chance pour la première fois de faire un bout de chemin ensemble.

On trompe donc la monotonie des pinèdes à papoter en peloton de six, et on s’arrête tous dans le même camping. On repart ensemble le lendemain mais les laisse après la pause de midi continuer vers leur camping nudiste, tandis qu’avec Eelke on file tout droit prendre encore un ferry qui nous laisse à Royan. On s’en écarte un peu et trouve un campement de rêve dans les pins qui donnent sur la grande plage, tout ça avec un magnifique lever de pleine lune.


Dernière pinède avant de changer de décor : des marais, parcs à huîtres, des roses trémières sauvages et un temps nuageux et changeant. On découvre tous les deux l’île d’Oléron, sa face ouest sauvage, ses villages mignons et ses nombreuses pistes cyclables. On va jusqu’au phare de Chassiron et prend le temps de la baignade entre les blockhaus taggés, en plein milieu de notre camping.

Le lendemain en passant par le pont transbordeur de Rochefort (belle surprise qui nous a fait éviter une sacrément grosse route), on fait une autre super rencontre. Gary, qui n’arrête pas d’utiliser l’expression « à l’arrache » et habite Grenoble où il fait de la montagne dans le même club qu’Eelke. On redécouvre la joie d’échanger avec un inconnu en roulant, jusque la baignade à Châtelaillon plage. Une grosse pluie violent nous précipite trempés vers un restau où on se régale de moules frites avant de ressortir à contrecoeur dans le vent, et trouver un champ tout proche des habitations.

On traverse la Rochelle et explore l’île de Ré, carte postale bondée mais très mignonne et cyclable ! On s’en échappe le jour même sans Gary pour filer à un camping au nord de la Rochelle, tout en marais et canaux verts d’algues. C’est en sortant de ce marais Poitevin qu’on essaye de toquer aux portes pour poser notre tente, et comme d’habitudes les habitants répondent super gentiment : Baptiste et Aurore déplacent leur camping car pour nous faire une petite place avant de nous inviter à l’apéro.


C’est la dernière étape d’Eelke jusqu’à Nantes, et aussi le moment où sa roue libre décide de se bloquer (ça me rappelle des souvenirs…) Heureusement on est super bien accueillis à Nantes par mon cousin, et on a le temps de souffler, je visite la ville après le départ d’Eelke.

Ensuite c’est reparti tout seul, ce qui ne m’était pas arrivé depuis le Maroc ! Je retrouve cette liberté même si je peux moins le partager avec mes proches. Je commence par suivre l’eurovélo qui m’amène à suivre le canal de Nantes à Brest, puis plonge vers le golfe du Morbihan. La Bretagne est pleine de forêts calmes où planter ma tente, en plus des amis d’amis et de famille éloignée, toutes prêtes à m’accueillir : le rêve d’un cyclovoyageur.


Je contourne le golfe en passant par Vannes et Auray, et tombe par hasard sur la véloroute 45 (aussi appelée 5ème véloroute bretonne) qui longe tout la côte. C’est ainsi que je me retrouve proche d’Etel, sur la côte atlantique sauvage et pleine de dunes après avoir traversé d’étonnants alignements de mégalithes. J’y essuie de grosses pluies même en m’abritant sous les pins et dans les crêperies. Le temps breton est au rendez-vous mais ça fait quand même plaisir de retrouver les pins Lambert, la fougère, les landes pleines de bruyère en fleur. Les petites incursions dans les terres, pour traverser rias et langues de mer font voir que des champs de blé et de maïs, avec partout les éternelles maisons blanches à toit d’ardoise noir, qui me rappellent que je me rapproche de la maison.


Après Pont-l’Abbé et Névez, je suis scrupuleusement la côte, et trouve une maison abandonnée pour dormir à l’abri de la pluie. L’océan est normalement impressionnant à la pointe de Penmarc’h tout au sud ouest de la Bretagne, mais ça prend encore une autre dimension au milieu des grains et de la grosse tempête, en me battant contre des violents vents de face. J’atterris en baie d’Audierne chez une amie de ma sœur, puis prends le temps de visiter la pointe du Raz et du Van, visiter la mignonne petite ville de Douarnenez et remonter me cacher du vent en direction de Crozon. La presquîle est conforme à sa réputation, sauvage et splendide.


Après ça, c’est l’arrivée sur Brest et l’accueil d’Alexandre et Oksana, qui vont m’accompagner pour une dernière semaine de pédale ensemble ! On profite des retrouvailles en prenant le temps à Brest (surtout de réparer la crevaison et le dérailleur d’Oksana), puis on part plein nord voir la mer autour de Plougerneau. Premières baignades, premières douleurs de cuisses et de fessiers pour les nouveaux. La Bretagne ne pardonne pas avec ses montées/descentes incessantes et casse-pattes.

On longe ensuite la côte de camping en camping, pour charger la batterie du vélo électrique d’Alexandre (malheureusement excusé pour des raisons médicales). On trouve après Roscoff l’eurovélo 4 qui nous porte sans trop réfléchir sur les chemins et petites routes le long de la très belle côte nord bretonne: côte des bruyères sauvage, l’étonnante côte de granit rose.


Je tombe par hasard complet sur une tante et on campe chez son amie pour la nuit à Locquirec. Il est temps de se rendre à l’évidence, on a eu les yeux plus gros que le vendre en prévoyant les étapes. On vise finalement Paimpol au lieu de Saint Brieuc, une journée et demi de rush et de stress économisés par des trains d’Alexandre et Oksana pour avoir le temps de profiter et se faire des petits restaus. En les quittant, je m’envole pour Saint Brieuc avec la motivation du dernier effort (j’y arrive d’ailleurs presque en même temps qu’eux) et continue à fond vers les terres connues, en apercevant pointe après pointe de plus en plus familières.


Étrange a émotion douce-amère qu’une fin de voyage, entre le soulagement, la fierté, la nostalgie, le tout noyé dans les retrouvailles avec toute ma famille.


Dernier billet de cette jolie balade que je vous envoie d’Erquy, où j’ai entamé un long repos. Merci à tous pour vos gentils messages, hâte de retrouver ceux que je n’ai pas encore revu et à une prochaine pour de nouvelles aventures !