3 semaines seulement depuis le départ de Bandol, mais tellement de choses se passent en 3 semaines qu'il est temps de faire le point !

Cela a été 3 semaines très marines, qui m'ont permis de mieux connaître à la fois Paul et Flavie et leur optimisme et motivation contagieuses, et la vie sur Estafette (le bateau).

Première étape : Carro (avec une gastro, comme quoi la turista n'attend pas les destinations exotiques !) pour dire au revoir à la baie de Marseille en beauté, puis Les Saintes Marie de la mer où l'on a récupéré Corentin. Ensuite, la grande motte où on mange avec PB et Manu. PB est un ami de Paul et Flavie, et son expertise en tant que moniteur de voile est précieuse !

On continue de longer la côte francaise vers Sète où on passera une journée à quai pendant que Paul fait l'aller-retour à Paris à la journée (!) pour aller chercher son passeport qui est enfin prêt. Sète est très agréable à visiter et on se retrouve au milieu d'un festival de vieux gréements sur notre quai !

La suite : Port Leucate, où le bateau à été acheté. Nous attendent la bas les derniers colis et des connaissances de Paul et Flavie lors des premières heures de leur chantier. Une fois faits les au revoir on se dirige droit vers la Catalogne espagnole. A cause du manque de vent et de la pluie annoncée on se rabat finalement vers Port Vendres, où on est bien content d'aller visiter Collioure dont on nous a tant parlé.

On y passe une journée en attendant le fameux "créneau météo" : un vent ni trop fort ni trop faible dans le bon sens (grosso modo), et si possible sans pluie.

Cette longue énumération d'étapes ne saura traduire le changement progressif du rythme de vie, à celui cadencé de la "vie à terre" aux aléas de la voile et du vent, qui tantôt nous pousse a folle allure tantôt nous cloue sur place de façon désespérante. Le changement de référentiel de ce long voyage est matérialisé par la lente danse d'estafette dans les vagues...


Le départ samedi 8 octobre sera finalement sous une fine pluie, mais le vent nous permet bien de passer le fameux cap Creus pour filer plein sud vers les Baléares.


Première longue navigation pour moi (36h) et elle se passe sans problème, entre pêche d'une belle bonite, l'apparition d'un arc en ciel et la visite des dauphins en arrivant ! Au niveau navigation je découvre les quarts de nuit, qui consistent cette fois à veiller pendant 3h à contempler la pleine lune et les étoiles (et accessoirement à vérifier qu'on ne se fait pas écraser par d'énormes paquebots et à faire quelques manoeuvres seul quand il le faut...)

Quel plaisir d'être seuls au milieu de l'eau, sans rien ni personne à l'horizon !

C'est une super expérience, bien que courte et ça donne super envie de refaire des traversées en voilier.

On arrive dans la baie de Pollença le dimanche en fin de journée, et on fait les derniers kilomètres au moteur pour ne pas arriver de nuit.

Au programme : premières tapas et missions escalade/randonnée, mouillage seuls au monde à la calanque de Sa Calobra, une des plus belle plages de Majorque avec en plus la vallée encaissée magnifique du torrent de Paréis. A Port de Soller on loue aussi des vélos pour visiter les alentours (Fornalutx, Biniaraix) ce qui le projette quelques mois en avant, et ça donne envie ! Tout cela est ponctué de superbes navigations ou notre équipage commence à être à l'aise.


On fait aussi la connaissance de Axel, qui nous invite à l'apéro sur son bateau Gwenrann. Il existe une solidarité particulière entres bateaux traversant l'Atlantique, et spécialement ceux avec un pavillon français : tous se suivent et s'arrêtent plus ou moins au mêmes endroits, contraints de la meme façon par les mêmes saisons des alizés et ouragans. Cela crée de belles rencontres qui durent dans le temps !


Laissant Majorque derrière nous, on refait une navigation de nuit pour profiter d'un vent favorable vers Ibiza. A part une autre visite de dauphins au coucher de soleil, j'assiste pendant mon quart à encore un autre spectacle réservé aux marin.e.s : des boules d'un vert flash fantomatiques s'illuminent quelques secondes dans le sillage du bateau la nuit. Ce n'est pas des spectres qui viennent nous hanter, mais bien du plancton luminescent que notre passage agite et illumine. Combiné au ciel étoilé, je vous laisse deviner le spectacle, n'arrivant pas à des photos satisfaisantes...


Je vous envoie ce mail d'Ibiza où on passe notre temps à se reposer des navigations, voire les poissons sous l'eau et essayer le wingfoil de Paul.


On est actuellement en attente d'un créneau météo pour filer jusque Gibraltar..