On vous écrit face à l'océan que l'on a retrouvé avec plaisir. Après le tumulte de Lisbonne, on s'en échappe en train (entre les conducteurs portugais et le chaos urbain, le jeu n'en vaut pas la chandelle) pour se retrouver finalement dans un autre bain de foule touristique à Sintra et ses châteaux de contes de fées, que l'on ne fait qu'effleurer du regard du regard avant de fuir à travers ses bois très verts vers la côte. On la remonte jusqu'à Nazaré, où la houle en cette période n'a rien à voir avec les murs d'eau si connus des surfers.


La joie de rouler à vélo reste toujours aussi vivace : c'est un excellent moyen de découvrir les entre deux. Plutôt que sautiller de lieux en lieux, on est forcés de s'imprégner des géographies qui les joignent. Que ce soient des zones industrielles ou des campagnes charmantes, des longues routes droites monotones entre océan et eucalyptus ou des petits lacets de col en col, cette continuité nous en apprend sur les territoires et nous ravit. La diversité des paysages fait aussi écho en nous, bien sûr physiquement mais aussi émotionnellement, du calme qu'une rivière peut nous apporter à la tension à serpenter entre les arbres brûlés...


Lassés de l'océan, de l'humidité matinale et du sable, nous entamons un décroché vers le massif portugais le plus haut : le parque natural da Estrella. Mais avant cela, nous passons par Coïmbra, ville universitaire fort sympathique. Ce faisant nous passons par des routes bordées de jolis maisons enfaïencées aux jardins entretenus où les roses nous emerveillent. Les carillons sonnent à notre passage dans les centre-bourgs.

Puis de rivières en rivières, on se frotte enfin aux dures pentes de la Serra da Estrella. On est tout de suite récompensés par les point de vues sur la vallée. Mais quand on veut arriver au point culminant ...un épais brouillard surgit. On discerne alors seulement des vaches en milieu de route et, arrivés en haut, la silhouette de " la torre", bâtiment de 7 mètres symboliques (qui complètent les 1993 mètres d'altitude pour le seul 2000 de ce pays). On descend au cœur du massif à travers de superbes vallées glaciaires. On découvre tristement la montagne noircie par l'incendie de l'été dernier et on rencontre des habitant.es dont beaucoup parlent le français grâce à l'émigration par le travail.

On goûte au porto et à la super bock parfois super bien accompagnés dans des bars ou avec d'autres voyageurs au camping.

Ensuite on se lance à travers d'autres serra jusqu'à Porto. Les petites Praia Fluvial (plages sur les rivières ) sont bienvenues pour les piques niques.


Porto, ses maisons étroites et colorées et les rives bondées mais enchanteresses du Douro. On y fait de belles rencontres en testant pour la première fois les auberges de pelerins. En effet, on aperçoit de temps en temps depuis l'Andalousie des coquilles Saint Jacques et des flèches jaunes : ce sont les marques des chemins de Compostelle.

Nous décidons de suivre "le chemin des portugais" à partir de Porto, car on apprécie la mentalité des pèlerins venus pour toutes sortes de raisons, pour qui le chemin est au moins aussi important que la destination et qui se laissent transformer par lui.

On va quand même se créer notre propre variante, à chacun son chemin, en faisant un autre détour pour les montagnes : le parque de Peneda Gerês, moins haut plus luxuriant et vert. On prend un jour de pause dans une ville thermale et on part en stop en quête des cascatas du coin.

On redescend pour traverser la frontière à Tui, ville historique et médiévale. Nous voilà en Galice ! De là, on suit la foule de marcheurs, coquilles dans le dos, en poussant parfois les vélos dans des sentiers rocheux, jusqu'à Santiago de Compostela et sa fameuse cathédrale plus qu'impressionnante et envahie par les pèlerins émus de ce bout de voyage.


Pour nous le chemin continue, après une journée de repos on file vers l'Atlantique de nouveau par le chemin des anglais.

Encore tout le nord de l'Espagne à arpenter par un dénivelé bien dentelé.

Pour l'heure, on chill sur une plage toute bretonne en mangeant du poulpe à la galicienne.