Il est temps de vous conter notre mois andalou, c'est déjà avec plaisir qu'on se remet à parler espagnol en se rappelant cet accent caractéristique de la région,

Le rythme du voyage, notre rythme, s'installe petit à petit et c'est avec sérénité qu'on aborde ces petites routes qui slaloment entre les villages blancs et albero (jaune sableux) . Le soleil ne nous quitte que très rarement et commence à bien chauffer en cet fin mars, on peut enfin tomber le pantalon et le pull.


Tous deux nous connaissions surtout de l'Andalousie ses grandes villes et nous sommes ravis que la lenteur du vélo nous permette d'apprécier aussi ses sierras (chaîne de montagne) et ses campagnes fleuries et relativement vertes en cette saison.


En roulant, on lève la tête pour observer les rapaces et autres oiseaux, on évite de la baisser car on voit souvent hérissons, lapins et certains piafs écrasés..

Même si après un mois les monocultures d'oliviers bombardées de pesticides (dont on reçoit les giclures) commencent à nous lasser, on apprécie les amandiers en fleurs , l'odeur des fleurs d'oranger et la couleur des fruits déjà présents.


On a d'ailleurs pu voir tous ces arbres de plus près en aidant pendant une semaine en woofing près de Coín. On y a rencontré des chouettes personnes (de Chine, de Belgique, de Cuba, et Maria Jésus la proprio espagnole) dans ce bel écrin de verdure au bord de l'arroyo seco. On profite là-bas de la fin de la cueillette des asperges sauvages et nous passons près de grands champs où leur cousines domestiquées poussent.


La quête d'un bel endroit où dormir reste une préoccupation quotidienne. On a par exemple la chance de loger chez Lennart où on rencontre un autre couple autrichien à vélo grâce au site "warmshowers". On voit encore une fois l'immense diversité des façons de rouler : Ana et Herbert programment tout à l'avance avec leur appli connectée et leur matériel de vélo professionnel; Franck, le punk à pédale qui fait la manche devant les supermarchés avec sa chienne et ses bidons découpées comme sacoches artisanales; Alejandro en direct du Brésil avec son VTT surchargé et ses bracelets à vendre sur les marchés etc. etc.


On ose quelques fois demander aux propriétaires de poser notre tente dans leur jardins : un agriculteur élevant des chevreuils nous invite ainsi à partager un verre, nous sommes témoins d'un dimanche familial typiquement andalou et Eduardo, riche propriétaire terrien nous laisse camper dans son "cortijo", vaste domaine dans une forêt et 180 hectares de pistachiers.


Au delà du confort et réconfort des hôtels et auberges de jeunesse dans les villes, où se croisent les jeunes du monde entier, on fait l'expérience de l'aventure en nature par le camping sauvage. Chercher des bons spots cachés et mignons (proches des rivières et lacs) est un sport en soi car la plupart des bords de route sont clôturés et réservés à la chasse " coto privado de caza" à tout endroit.


La fatigue en vélo est souvent récompensée par de la bonne nourriture. Quand les pâtes au réchaud ne nous comblent plus, on est ravis de trouver sur le chemin des cafés con leche, pan con tomate ou churros pour bien commencer la journée et plus tard des tapas (aubergines frites au miel, croquetas variées, beaucoup de viandes en sauces, bocadillos..) qui se prennent toujours avec des cañas ou vins de Xérès.


Notre route joint plusieurs grandes villes andalouses qui nous tenaient à coeur : d'abord Cadix au bord de l'Atlantique, puis la fameuse Grenade où l'on retrouve Camille, une très bonne amie et fidèle compagnonne qui nous suivra en bus dans les deux prochaines villes. Grenade se repère déjà de loin avec l'Alhambra au pieds de l'immense Sierra Nevada, enneigée en cette saison. Cette ville en co(l)line se découvre en grimpant de mirador en mirador, et en faisant des rencontres dans les maisons troglodyte du Sacromonte, le quartier gitan où on a la chance de voir un super spectacle de flamenco. Prochaine étape : Cordoue, ville romantique aux patios décorés et aux berges ensauvagées du Guadalquivir. On y visite la fameuse mosquée - cathédrale, résultat étonnant d'un empilement de religions, de cultures et d'époques.

Enfin Séville d'où l'on vous écrit après avoir descendu le Guadalquivir. Séville et sa couleur spéciale, ses places si animées et toute sa magnifique architecture.


La tension de la préparation à la semaine sainte y est palpable : on s'apprête à un bain de foule pour cet événement religieux intensissime qui attire des milliers de touristes.


On vous fait plein de bisous. Prochain épisode au Portugal. On espère que vous profitez bien du printemps où que vous soyez.